samedi 7 novembre 2009

« Désir et élévation » De Ibn ‘Arabi à la « Vita nova » de Dante




Mercredi 25 novembre 2009 de 18h à 19h30 :


Bibliothèque d’études italiennes et roumaines
Centre Bièvre


« Désir et élévation ». De Ibn ‘Arabi à la « Vita nova » de Dante
par le professeur Jean-Charles Vegliante et Abdelwahab Meddeb.
Lectures par Chantal Saragoni


Désir et élévation :

Lecture en arabe et en français de quelques pages de Tarjumân al-Ashwâq, “L'interprète des désirs” (1215) d'Ibn 'Arabî (1165-1240). Extraits du prologue ainsi que les cinq derniers vers du poème 11 et l'intégralité du poème 12 commenté par Ibn 'Arabî lui-même.
Lecture en italien et en français d’extraits du prosimètre Vita nova “La vie nouvelle” (1293) de Dante Alighieri, dans l’édition procurée par G. Gorni en 1996 et traduite par un groupe CIRCE (M. Marietti, C. Tullio Altan, J.Ch. Vegliante). Dialogue et comparaisons.

Ibn ‘Arabî (Murcie, 1165) et Dante Alighieri (Florence, 1265) construisent, à un siècle de distance, deux œuvres immenses par quoi ils s’élèvent et pensent nous élever au seuil de l’expérience divine, et poétiquement à une forme de paradis. Ils ne le tentent pas seuls, selon nos habitudes modernes, mais sous le coup d’une inspiration qui dépasse leurs personnes ; voire avec l’aide d’un dieu, “sur ordre” pour l’un, sous la “dictée d’Amour” pour l’autre. Les intermédiaires (ou truchements, tarjumân) pour cette élévation sont deux jeunes femmes, Nizhâm d'Ispahan et Béatrice la florentine, celle qui dispense l’harmonie et celle qui rend bienheureux… Il s’agit aussi, dans les deux cas, d’un dévoilement au delà des apparences terrestres – toutefois indispensables objets de transition – vers un Absolu de l’amour total.




Jean-Charles Vegliante poète-traducteur (prix SGDL 2008), enseigne les lettres italiennes à l’Université Paris III. Dernier livre paru Nel lutto della luce / Le deuil de lumière, avec G. Raboni (Einaudi, 2004).



Abdelwahab Meddeb écrivain, poète, grand lecteur des Soufis, universitaire (littérature comparée, Université Paris X). Dernier livre paru Pari de civilisation (Le Seuil, 2009).



Chantal Saragoni est engagée dans une lecture approfondie de l’œuvre dantesque (intégrale de la Divine Comédie au Festival d’Avignon 2008). Elle a interprété récemment des textes de Rosa Luxembourg et de Guy de Maupassant, ainsi que de nouveaux extraits de La Comédie.

Annexes et lectures:

1. Vita nova

I
l est, dans cette partie du livre de ma mémoire avant laquelle peu de chose pourrait se lire, un titre rouge qui dit : Incipit Vita Nova. Et sous ce titre rouge, je trouve écrits les mots que j’ai résolu de transcrire dans ce petit livre, sinon tous, du moins leur substance. [2] Neuf fois déjà depuis ma naissance le ciel de la lumière était revenu dans sa giration à un presque même point, quand apparut devant mes yeux pour la première fois la glorieuse dame de ma pensée, que bien des gens appelèrent Béatrice sans savoir la valeur de ce nom. [3] Elle était restée en cette vie aussi longtemps que le Ciel Étoilé met à se mouvoir vers l’orient de la douzième partie d’un degré, si bien qu’au début presque de sa neuvième année elle m’apparut, et je la vis presque à la fin de ma neuvième année. [4]
Elle apparut vêtue de couleur très noble, d’un rouge sang humble et honnête, avec la ceinture et les ornements qui convenaient à son très jeune âge. [5] En cet instant, je dis en vérité que l’esprit vital, qui demeure dans la très secrète chambre du cœur, commença de trembler si violemment que les pulsations s’en faisaient sentir terriblement dans mes plus petites veines et, tremblant, il dit ces mots : « Ecce Deus fortior me, qui veniens dominabitur michi! ». [6] En cet instant, l’esprit animal, qui demeure dans la haute chambre où tous les esprits sensitifs portent leurs perceptions, commença de s’émerveiller fort et, s’adressant spécialement aux esprits de la vue, dit ces mots : « Apparuit iam beatitudo vestra! ». [7] En cet instant, l’esprit naturel, qui demeure là où se répartit notre nourriture, commença à pleurer et, pleurant, dit ces mots : « Heu, miser, quia frequenter impeditus ero deinceps! ». [8] Dès lors, je dis qu’Amour domina mon âme, qui lui fut tout aussitôt épouse, et il commença à prendre sur moi, par la force que lui donnait mon imagination, une telle assurance et une telle domination qu’il me fallait obéir complètement à toutes ses volontés.


1 Voici un dieu plus puissant que moi, qui va venir me dominer.
2 C’est bien votre béatitude qui est apparue!
3 Hélas, malheureux, désormais je serai empêché fréquemment!

Traduction groupe CIRCE (Sorbonne Nouvelle)



Ibn Arabi séjourne à La Mekke deux ans, de 1202 à 1204, après avoir traversé rapidement l’Égypte et la Palestine, où il avait visité les sanctuaires de Jérusalem et d’Hébron. Il fut accueilli dans la capitale spirituelle de l’Islam par un vénérable shaykh iranien, qui se distinguait par la force de son esprit et la profondeur de sa science. Il fit aussi connaissance de la sœur de ce shaykh, également remarquable par sa piété et ses connaissances, et de sa fille, Nizam, qui avait reçu du Ciel le triple don de la beauté, de la connaissance et de la sagesse. C’est à la mémoire de Nizam qu’Ibn ‘Arabi composa son immortel dîwân , Tardjuman al-ashwaq (L’Interprète des ardents désirs ), qui compte parmi les chefs-d’œuvre, non seulement de la littérature du soufisme, mais de la poésie spirituelle de l’humanité.







Pr
ochaine lecture :

Mercredi 20 janvier 2010
de 18h à 19h30

A la Bibliothèque Universitaire de Paris III
(Salle des périodiques)


« Poésie des rues, poésie des bibliothèques : lecture de Ciaran Carson »
par le professeur Carle Bonafous-Murat

jeudi 29 octobre 2009

la culture andalouse et le muwashshah

Le 28 octobre 2009: La plume, la voix et le plectre

La culture andalouse et le muwashshah

Introduction :

Notre sujet concerne une période historique et une contrée qui ont eu une grande importance dans la transmission de la culture et de la pensée orientales à l’Occident : l’Espagne musulmane, (al-Andalus en arabe) entre le début du 8e siècle et la fin du 15e siècle.

Les poètes andalous se sont distingués, entre autres, par la création de la strophe avec la multiplication des rimes et des mètres dans un genre appelé muwashshah . Cette innovation s’est produite sur une terre qui a réuni des ethnies différentes dont les principales sont les Ibères (juifs et chrétiens), les Arabes (musulmans) et les Berbères (nouvellement islamisés).

Loin du pouvoir central abbaside installé à Bagdad, les Andalous se sont doté d’un califat autonome, le califat omeyyade (continuateur de la dynastie déchue de Damas). À La fin du 10e siècle et au début du 11e, la civilisation , le raffinement, le goût du luxe, la courtoisie amoureuse avaient pour patrie Al-Andalus ! Et le grand monarque qui occupait le trône le plus envié à l’époque était Abderrahmane III.

Cet émir qui a unifié le Royaume d’Occident a eu l’audace de se proclamer calife face aux Abbassides dont le déclin allait entraîner le morcellement de l’Empire en Orient. Sous son règne, les différentes ethnies ont connu une symbiose sociale comme il en a existé très peu dans l’histoire humaine.

Malgré les affrontements incessants entre le Sud de la Péninsule (musulman ou allié de l’Islam) et le Nord (se présentant comme le bras armé de la reconquête chrétienne), l’Espagne a écrit des pages magnifiques de coexistence enrichissante.

Après la chute du dernier royaume musulman à Grenade en 1492 puis l’expulsion des morisques en 1610, des actions furent entreprises le long des siècles pour effacer les traces de la présence musulmane dans la Péninsule ibérique. Mais le sol et le sous-sol espagnols et portugais gardent encore les traces de huit siècles de coéxistence arabo-ibéro-musulmane. De même, le Maghreb porte, chez une grande partie de sa population descendant d’anciens émigrants andalous les signes visibles de l’origine ibérique.

Aujourd’hui en Espagne surtout, un peu moins au Portugal, des millions de touristes se bousculent pour visiter les vestiges les plus visibles d’une aventure humaine exceptionnelle :

les magnifiques palais des Nasrides à Grenade et la grande mosquée de Cordoue, la Torre de Oro ou la Giralda à Séville.

À cet héritage architectural fabuleux, il faut ajouter le rôle joué par al-Andalus dans la transmission des savoirs antiques, chinois, indien, persan, mésopotamien et gréco-latin à l’Europe.

Enfin, tout un art de vivre et une vision nouvelle des rapports hommes/femmes ont vu le jour en terre d’al-Andalus. À partir du 12e siècle, Les troubadours chanteront la soumission à leurs dames , dans des poèmes inspirés en partie par leurs aînés cordouans ou sévillans.

1 Tradition poétique et innovation

Les poètes andalous ont d’abord commencé à imiter les grands poètes orientaux de Damas et de Bagdad. Il fallait écrire comme al-Mutanabbî ou se taire.Mais après trois siècles d’histoire, les Andalous ont senti la nécessité de se libérer de cette tutelle. Ils ont alors inventé une forme originale de poésie exprimant les spécificités de leur identité particulière.

Rompant avec l’ancienne ode arabe qui date de la période préislamique, les poètes andalous vont opérer une véritable révolution dans un domaine auparavant intouchable : la poésie des Anciens. Ils mettent en place dès la fin du 10e siècle, une forme de poésie strophique appelée muwashshah (poésie embellie, enjolivée en arabe). Ils abandonnent les poèmes monorimes bâtis sur un mètre unique et inventent l’alternance des rimes et des rythmes. Ils se détournent totalement des thèmes guerriers des pleurs sur les vestiges de la bien-aimée, ils envoient aux oubliettes les descriptions des déserts et développent une poésie conforme au « Paradis andalou ».

Le muwashshah consacré uniquement à la beauté de la nature, à l’amour et à l’ivresse devient ainsi le mode d’expression poétique approprié d’une société qui a réussi à établir une relative harmonie entre ses différentes composantes sociales et ethniques. L’art du tawshîh est incontestablement la signature originale d’une civilisation à l’image des diverses sensibilités qui se côtoyaient alors: ibère, arabe et berbère.

Sa particularité :

  • Emploi du parler andalou dialectal et du romance dans les pointes finales appelées khardjas
  • Liaison étroite avec la nawba ce système musical d’un certain Ziryab arrivé de Bagdad mais devenu « andalou » d’adoption

2.Un nouvel art d’aimer

Malgré leur apparente simplicité, ces poèmes strophiques reflètent une conception très particulière des rapports amoureux. Les hommes (en tant qu’amants) sont invités à participer à l’élan vital de la nature et à la symphonie du cosmos.

Cette exhortation leur est adressée par les créatures animées et inanimées appartenant à tous les niveaux de la création. Tous les éléments naturels participent à l’univers amoureux et bachique.

  • Au plan terrestre : les parterres de fleurs, les canaux et cours d’eau, les arbres, les collines, les montagnes…
  • Au plan intermédiaire : les oiseaux, la brise, le vent, les nuages, la pluie….
  • Au plan céleste : le soleil, la lune, les étoiles…

Cependant c’est la femme qui est au cœur de cette symphonie cosmique: elle est celle qui réunit en elle toute la nature et même les créatures du Paradis :

Yaqûlûna fî l-bustâni husnun wa bahdjatun…

wa in shi’ta an talqâ al-mahâsina kulla-hâ

fa-fî wadjhi man tahwâ djamî‘u l-mahâsini

On dit que charme, beauté et joie de vivre

Se trouvent dans le jardin...

Mais, si tu désires profiter de toutes ces merveilles,

C’est dans le visage de celui que tu aimes,

Que tu les trouveras.

Sur son front ou son visage, tous les astres resplendissent : soleil, lune et étoiles.

Toi dont le charme est sans pareil :

Ô croissant de lune, par une nuit obscure,

Luisant au sein d’un nuage,

Tes rayons sont couleur d’or.[1]

La délicatesse de sa démarche et la beauté de ses yeux évoquent celles des gazelles :

Ô toi qui as le regard de gazelle, dis-moi

Es-tu un être humain ou bien un ange ?[2]

Sa taille élancée, fine et souple est comparée aux rameaux du saule ;

ses joues ont la couleur des roses ;

Ses yeux ont la noirceur envoûtante de ceux des houris ;

sa bouche recèle les perles les plus rares ;

Son haleine exhale les parfums les plus exquis ;

Sur ses lèvres, l’amant déguste un divin nectar;

Enfin sur sa poitrine poussent des pommes et des grenades aux formes parfaites.

Les poètes andalous et leurs successeurs ont ainsi concentré dans le corps de la femme un univers miniature avec ses minéraux, végétaux et animaux. Ils y ont uni aussi les plaisirs du monde terrestre aux délices du Paradis promis aux bienheureux dans l’au-delà.

L’amour : entre délices et souffrances

Les poètes andalous ont parlé de l’amour avec une délicatesse et ont déployé tous leurs talents pour en nommer les aspects les plus insoupçonnés.

Pour nommer ce sentiment ils ont eu recours à une longue liste de vocables que la langue arabe a forgé depuis des siècles:‘ishq, hawâ, wadd, sabb, hiyâm et shaghaf, mais aussi djunûn, walah, tatayyum, law‘a, wajd et kalaf .

Mais ils ont su leur imprimer leur propre sensibilité. Ils ont su trouver les mots qui expriment la couleur et le parfum de chaque état amoureux. (Cf. Le Collier de la Colombe d’Ibn Hazm)

Dans cette poésie, l’amour se décline sous ses deux aspects fondamentaux: il est dans l’union comme il est dans la séparation.

Le narrateur principal est très souvent un amant qui sait apprécier la douceur de l’amour comme son amertume ainsi que le proclame al-Kumayt ibn Zayd.

Al-hubbu fî-hi halâwat-un wa marârat-un

w-al-hubbu fî-hi shaqâwat-un wa na‘îmun.[3]

L’amour est douceur et amertume

L’amour est infortune et félicité.[4]

L’ingéniosité des poètes andalous réside dans leur capacité à présenter des variations infinies de situations à partir de canevas très simples :

- L'amant qui a connu le bonheur de l'union est ensuite séparé de sa bien-aimée ;

- L’amant qui a longtemps souffert de l’absence de l’être aimé, est finalement gratifié de la visite de celle qu’il désire;

- L’amant souffre de l’indifférence de celle qui l’a envoûté et qui ne daigne pas répondre à ses avances.

- L’amant, qui goûte aux délices de l’union, redoute au coeur même de son bonheur, les risques d’une séparation.

La séparation comme l’union ne se présente jamais sous le même aspect dans la bouche de l’amant qui en fait part. Elles sont aussi originales que peuvent l’être des expériences individuelles, toujours inédites, parfois presque indicibles. C’est la raison pour laquelle le poète a parfois recours à des métaphores excessives :

Al-bu‘du Djahîm wal-qurbu Djanna

L’éloignement est un enfer et l’union un paradis.

La souffrance due à la séparation mine totalement l’être de l’amant éperdu. Il perd le goût de la nourriture et le sommeil le fuit. Il dépérit, devient pâle et chétif. Véritable moribond, il veille, esseulé, avec les étoiles pour uniques compagnes. Son état révèle alors la passion que les règles de la courtoisie imposent pourtant de cacher. Et ce qui accroît sa peine, c’est la satisfaction des espions envieux, des cancaniers malveillants et des censeurs hypocrites.

Heureusement l’amant n’est pas toujours seul. L’amour a aussi ses alliés et défenseurs. C’est à eux que s’adresse la plainte de l’amoureux éploré. Commensaux, amis compréhensifs et personnes à l’esprit tolérant sont interpelés afin de lui prêter une oreille compréhensive :

Ami, je n’ai plus de patience

Et ma passion est toujours aussi intense.

Celle que j'aime me tourmente sans raison,

Et elle m’a banni de ses pensées.

Que Dieu me réunisse avec la lumière de mes yeux,

Au grand dépit des espions et des envieux ![5]

L’amant souffre, certes, mais n’est pas désespéré. Bien au contraire. Malgré les obstacles qu’il rencontre sur son chemin et qui le séparent encore de sa bien-aimée, il garde le ferme espoir de voir sa belle lui revenir ou céder à ses avances. Les atouts du « martyr » de l’amour sont une fidélité sans faille et une soumission totale aux caprices de la bien-aimée.

Je lui fais don de mon âme, qu’elle en soit heureuse !

Je suis à sa merci à chaque instant de ma vie !

Il est constamment déchiré entre l’envie d’avouer sa défaite et de se réfugier auprès de Dieu et sa persistance dans la voie du plaisir et du carpe diem

Yâ Allâh tawba !

Mon Dieu, je veux me repentir !

Lance t-il tantôt

Et tantôt

Man qalli tub wa anâ na‘shaq wa nashrab

Qui donc m’invite au repentir à l’heure d’aimer et de s’enivrer.

L’amant fidèle et soumis est souvent récompensé par le retour de la bien-aimée. Elle répond alors à ses avances et le comble d’une visite souvent nocturne.

La rencontre des amants après la longue absence est alors l’occasion de fêtes sublimes dont les poètes nous gratifient dans de nombreux poèmes andalous. Seuls ou en compagnie de convives de choix, les amants trinquent à leurs retrouvailles. Le vin est partagé et l’ivresse vient révéler à l’amant des aspects insoupçonnés de la beauté de sa bien-aimée. Le front est plus éclatant de clarté, les yeux plus envoûtants que celles des houris et la salive de l’aimée surpasse en douceur le nectar que l’on sert à la ronde.

Quelle joie ! La chance enfin me sourit :

Mon bien-aimé est ici en ma compagnie !

Je célèbre une fête en son honneur

Laissant nos ennemis dehors à leur douleur.[6]

Vidéo réalisée par Saadane Benbabaali

Saadane Benbabaali

Paris le 28 Octobre 2009



[1]Yâ badî' al-housn : CD /1

[2] shabîh dayy al-hilâl, CD / 8

[3] Cité dans Al-Muwashshâ‚ al-Washshâ’, Dâr Sâder, p.102.

[4] Al-Washshâ’, Le Livre du brocart, trad. S. Bouhlal, Gallimard, 2004, pp.108-109.

[5] Yâ mouqâbil : CD /9.

[6] Yâ mouqâbil : CD /9.

samedi 17 octobre 2009

Armand Robin (1912 - 1961)


Poète méconnu, romancier, traducteur hors norme, essayiste, homme de radio, de théâtre;
Breton exilé mais resté fidèle à son pays natal.


Avec de grands gestes,
J'ai jeté pendant quatre ans mon âme dans toutes les langues,
J'ai cherché, libre et fou, tous les endroits de vérité,
Surtout j'ai cherché les dialectes où l'homme n'était pas dompté.
Je me suis mis en quête de la vérité dans toutes les langues.
Le martyre de mon peuple, et de tout peuple, on m'interdisait
En français.
J'ai pris le croate, l'irlandais, le hongrois, l'arabe, le chinois
Pour me sentir un homme délivré.
J'aimais d'autant plus les langues étrangères
Pour moi pures, tellement à l'écart :
Dans ma langue française (ma seconde langue) il y avait eu la trahison, toutes les trahisons :
On y disait oui à l'infamie.
On savait y dire oui à l'infamie!
J'ai senti le martyre de mon peuple dans les mots de tous les pays
J'ai souffert en breton, français, norvégien, tchèque, slovène, croate
Et surtout en russe .
Je me suis étendu sur la grande terre russe,
J'entendais les chants d'un peuple immense qui voulait bien mourir
Et là, crucifié, je ne sentais pas de mal,
Là, fatigué, je ne sentais que de la rosée,
Là, fatigué de moi, je me sentais reposé
Là, fatigué, j'ai tout senti en rosée.

Source : armandrobin.org

dimanche 11 octobre 2009

Rou’hama Shain ” Pour atteindre les étoiles “


Atteindre l’autre

On peut communiquer par le silence
Un signe de tête
Un regard qui en croise un autre
Un sourire qui passe
Une poignée de main
Un chuchotement d’un cœur a un autre

On peut communiquer par la parole
Douce musique pour l’oreille
Qui revigore les sens
Qui transporte un message d’amour et d’espoir
Qui rend la foi
Et apaise l’âme

On peut communiquer par l’écriture
Qui éveille celui qui somnole
Fouette la pensée
et exalte l’imagination
Qui disperse les ténèbres et répand la lumière,
Qui entrouvre les lucarnes de notre esprit
Et permet a l’air frais de pénétrer.

Rou’hama Shain ” Pour atteindre les étoiles “

Mahmoud Darwich: poète de la vie et de l'amour

Ce reportage de la chaine ARTE sur l'un des plus plus grands poètes arabes contemporains:

jeudi 8 octobre 2009



L'université de la Sorbonne Nouvelle vous convie à une lecture bilingue.
Cette manifestation mensuelle,
organisée par les U.F.R. de langues de la Sorbonne Nouvelle, aura lieu régulièrement le mercredi dans différentes bibliothèques de l'Université.

lundi 5 octobre 2009


Calendrier général des lectures bilingues

Mercredi 28 octobre 2009: Bibliothèque Sainte Barbe



« La plume, la voix et le plectre : poèmes et chants d’Andalousie »
par Saadane Benbabaali et Beihdja Rahal



















Mercredi 25 novembre 2009: Bibliothèque d’études italiennes et roumaines



« Désir et élévation ». De Ibn ‘Arabi à la « Vita nova » de Dante
par le professeur Jean-Charles Vegliante et Abdelwahab Meddeb.
Lectures par Chantal Saragoni























Mercredi 20 janvier 2010: Bibliothèque Universitaire de Paris III
« Poésie irlandaise » (titre à préciser)
par le professeur Carle Bonafous-Murat






















Mercredi 17 février 2010: Bibliothèque Sainte Barbe
"'Migrante est ma demeure', ou la poésie same (Laponie) de la tradition orale à l'écriture"
par M.M.Jocelyne Fernandez-Vest

Mercredi 17 mars 2010: Bibliothèque d’études italiennes et roumaines
« Poésie de Rilke »
par Gérard Stieg






















Mercredi 14 avril 2010: Bibliothèque Universitaire de Paris III
"Textes de Lope de Vega"
par Hélène Tropé

Mercredi 19 mai 2010: Amphithéâtre de l’UFR du Monde Anglophone
« Poésie de Melville » (titre à préciser)
par le professeur Cécile Roudeau

Mercredi 16 juin 2010: Bibliothèque Sainte Barbe
Hommage à Michel Laban (à définir)


Poèmes et chants d'Andalousie

La première rencontre intitulée La Plume, la Voix et le Plectre sera consacrée à la poésie arabe et aux chants d'Andalousie.






















Elle aura lieu le mercredi 28 octobre 2009 de 18h00 à 19h30 à la Bibliothèque Sainte-Barbe 4, rue Valette – 75005 PARIS Téléphone : 01 56 81 76 00 Fax : 01 46 34 15 53
Mail :
bsb@univ-paris3.fr Tous les contacts :

PROGRAMME

1. Exposé sur la poésie arabo-andalouse médiévale et ses rapports avec la musique andalouse interprétée au Maghreb
2. Lecture en arabe et en français de poèmes andalous sur l’amour, l’ivresse et la nature
3. Mini concert par Beihdja Rahal qui interprètera des extraits d’une nouba andalouse.
4. Diaporama sur la civilisation andalouse (sous réserve)


INTERVENANTS


Saadane Benbabaali
Écrivain, essayiste, traducteur, il enseigne la littérature classique arabe à Paris 3.
Il a publié La plume, la voix et le plectre, avec Beihdja Rahal, Barzakh, Alger, Déc. 2008.
Auteur de nombreux articles et communications sur la littérature andalouse :
1. Les poètes soufis et l’art du tawshih, Paris , 2002
2. Nawba andalouse et cantigas de Santa Maria, Faro (Portugal), 2003
3. Love and drunkennes in the muwashshah as sung in the Maghreb, Londres, SOAS, 2005
4. Ibn al-Khatib et l’art du tawshih, Grenade, Espagne, 2006
5. Le muwashshah : Persistance et évolution d’un genre poétique, Paris 2007.
Il soutient depuis plus de vingt ans les associations et les interprètes de la musique arabo-andalouse en France.
En préparation:
1.Fleurs et jardins dans la poésie andalouse
2. Traduction en français des textes andalous chantés au Maghreb
3.« Les Héritiers de Ziryab » consacré à la jeune génération qui œuvre à la transmission du patrimoine musical andalou

Beihdja RAHAL est musicienne et interprète soliste de la musique andalouse . Après avoir commencé sa formation artistique en 1974 au conservatoire d’Alger sous l’enseignement de grands maîtres tels que M.Khaznadji, A.Fakhardji et Z.Karkachi, Beihdja Rahal a eu le privilège d’effectuer ses premiers pas en 1982 en tant que musicienne et interprète au sein de l’orchestre El-Fakhardjia pendant 3 ans.

Membre fondateur, chanteuse soliste et professeur de musique andalouse au sein de l’orchestre Essoundoussia. En 1993, elle crée son propre orchestre à Paris. Forte de cet enseignement théorique de haut vol et douée d’un talent exceptionnel, Beihdja Rahal rayonne dans l’interprétation du mode andalou dans toute sa pureté et son authenticité. Elle a déjà offert aux amateurs de ce genre musical 18 albums dans l'ensemble des modes connus du répertoire algérien. Véritable ambassadrice du patrimoine musical arabo-andalou, elle se produit depuis de longues années sur les plus grandes scènes de France, d'Europe et du monde arabe. Elle a collaboré avec S. Benbabaali à la publication de La Plume, la Voix et le Plectre.


LECTURES EN LIGNE:

Poèmes andalous traduits de l'arabe

‘†ir al-anfâs

Toi dont l'haleine est parfumée
Verse-moi à boire,
Remplis ma coupe de vin
Et laisse mon esprit s'égarer !
Ne dit-on pas qu'en amour,
Il faut tout endurer ?

Dans des coupes finement ornées
Les boissons avons mélangé ;
Nulle rançon à payer
Pour les instants de bonheur ;
Lève-toi et faisons tourner les coupes alentour
Ô ma belle Ramîkiya,
Profitons d'un moment de joie
En cette vie éphémère.

Quel beau spectacle avec les belles du quartier !
Dans ce lieu de réjouissances, viens t'asseoir Ô compagnon
Et partageons la boisson qui est mon seul remède.

Cette nuit de plaisirs
M'accueille dans l'allegresse ;
Nulle rançon à payer
Pour les instants de bonheur ;
Lève-toi et faisons tourner les coupes alentour
Ô ma belle Ramîkiya,
Profitons d'un moment de joie
En cette vie éphémère.

Tahyâ bi-kum

Là où vous posez pied, la terre ressuscite et reverdit

Pour chaque parcelle, vous êtes une bienfaisante pluie ;

Les yeux vous désirent comme un paysage sublime,

Vous êtes un astre pour tous les humains.

Salli humumak
Distrais-toi et oublie tes soucis ce soir

Car tu ne sais ce que te réserve demain ;

Au cœur de la nuit, lève-toi pour boire

Et t'adonner aux plaisirs avec les belles ;

Lève-toi et profite de cet instant de bonheur

Car la vie n'est que divertissement.

Ô échanson, remplis nos coupes encore et encore !

Verse-nous à boire en l' absence des délateurs

En cette assemblée de plaisirs près de ce bassin

Alors que le soleil décline vers le couchant.